Le Tour de la Méditerranée en VéloSoleX en 1951
Qui est donc Jacques GAUTHO-LAPEYRE ?
Ici sur cette photo prise en Grèce en décembre 1950 avec
son VéloSolex entièrement d'origine.
Jacques GAUTHO-LAPEYRE est né
à Saint Brieuc en 1927, il passe sa jeunesse en Bretagne, avec
ses parents hôteliers à Pontivy (Morbihan) puis ensuite suit
sa famille à Reims où il réside plusieurs années.
Avec l’adolescence naissent des passions nouvelles, d’abord le sport :
- en 1942 le voilà déjà champion de Cross-country de l’académie
de Paris et de Champagne !
- en décembre 1943, vainqueur catégorie cadets du cross de Paris-Soir
à Vincennes, puis se spécialise dans le 1.500 m
- et en 1946 c’est avec l’équipe du RC Muire qu’il va battre le
record Du 4 x 1500 m de Champagne de 19 secondes !
Mais Jacques GAUTHO-LAPEYRE est aussi un patriote convaincu, qui à
17 ans quitte ses études et rejoint le maquis auvergnat (nous sommes
en 1944) ; puis il rentre dans les FFI et en Alsace rejoint la 1ère Armée
Française lors des campagnes de libération de la France.
Il sera cité et décoré de la croix de guerre ; il restera
dans les troupes d’occupation en Allemagne jusqu’en 1946.
De retour à la vie civile, il rejoint sa famille, puis vient en
Auvergne à Clermont-Ferrand où il se fixe et crée un commerce d’articles
de sport, suite logique de sa passion.
Puis c’est le goût du voyage,
du camping et de la grande aventure : une première « escapade »
avec un camarade à travers les pays scandinaves à pied et en auto-stop….A
partir de là mûrit l’idée de cette randonnée
fin 1950 en VeloSoleX autour de la Méditerranée. Citons
encore dans ce même registre, en Octobre 1972, à bord d’une 3 cv Citroën,
la traversée de l’Afrique en «diagonale» au départ de l’Ïle
de la Réunion pour arriver à Saint-Malo. (un clin d’œil au gouverneur
B.F. Mahé de La Bourdonnais)..
Revenons en 1956 date à laquelle Jacques GAUTHO-LAPEYRE reprend
du service en partant en Algérie pour rester dans l’Infanterie
jusqu’en 1980 date de sa retraite militaire .
Le lieutenant-colonel GAUTHO-LAPEYRE embrasse alors une courte carrière
d’agent commercial dans l’océan indien (1982-1983)
puis va s’installer avec sa famille dans l’île de Moorea
en Polynésie Française réalisant un rêve de
ses 16 ans.
Ce n’est qu’en 2000 que Yvette et Jacques GAUTHO-LAPEYRE,
rentrent en métropole pour permettre à leurs enfants de
suivre des études supérieures.
La dernière passion : la collection !
Son épouse Yvette crée un atelier de figurines historiques
avec le soutien de son mari pour la documentation et la promotion. En
réalité les premières amours de Jacques GAUTHO-LAPEYRE avec
les petits soldats, datent de l'enfance quand il s’est mis à tout collectionner:
les personnages en plomb, en plastique, en plâtre,en aluminium…
En 1977 il s’offre les premiers Vertunni (miniaturiste italien fondateur
d’une marque à son nom et en France de fabrique de soldats
de plomb) et en 1988 rachète à la à la légataire de l’artiste
le fond des 400 moules métalliques du maître ès-plomb.
Aujourd’hui, la charmante demeure de Gif-sur-Yvette est transformée
en atelier de moulage, de peinture et surtout en un magnifique « musée
» remplit de vitrines d’où débordent les figurines historiques
de la Rome antique à nos jours !
Que d’histoires encore à nous raconter !
BRAVO Jacques !
*
Un nom composé :
Enfant légitime, Jacques avait été déclaré
GAUTHO par son géniteur qu'un divorce devait éloigner d'un
bébé qui restera jusqu'à 15 ans ignorant de ses origines.
Pratiquement adopté par le second mari, c'est sous le nom de Jacques
LAPEYRE qu'il vécut ses vingt quatre premières années.
PLEIN AIR
CAMPING
Juin 1951
Une nouvelle expérience : le Tour de la Méditerranée
racontée par Jacques Gautho-Lapeyre
UNE NOUVELLE EXPERIENCE SUR
LES POSSIBILITES DES CYCLOMOTEURS
« Si pour la vulgarisation des sports de compétition, des champions,
parfois promus au rang d’idoles, sont nécessaires, il est indéniable
que, pour attirer l’attention des jeunes sur les possibilités du
tourisme actif, il faut créer des exemples. Je suis donc entièrement
d’accord avec Bricolin lorsqu’il signale l’intérêt que présente
sur le plan humain des exploits individuels comme les randonnées
de Lionel Brans (C.P.A.,juin, juillet 1950), Lacoste, Fiando, etc…C’est
également par l’accomplissement de tels voyages qu’il est possible
d’améliorer sa propre technique et son matériel. Dans cet
esprit j’ai entrepris en solitaire un périple qui doit me faire effectuer
un tour presque complet du bassin méditerranéen… »
Voilà ce que nous postait, lors de son passage à Bône, en janvier
dernier, un jeune lecteur de C.P.A., Jacques Gautho-Lapeyre. Parti de
Nice le 14 novembre 1950, il était de retour le 14 mars dernier à Clermont-Ferrand,
ayant parcouru en quatre mois 9300 kilomètres à travers l’Italie, la Grèce,
l’Egypte, la Libye, la Tripolitaine, la Tunisie, l’Algérie, le
Maroc, l’Espagne. Cette randonnée, en dehors de la qualité
de l’exploit sportif, nous a paru particulièrement intéressante
pour les raisons suivantes : Jacques Gautho-Lapeyre est campeur confirmé,
particulièrement averti de la technique camping, car il exploite
à Clermont-Ferrand un magasin de sports et de camping, classé Station-Service
du Campeur, il n’utilise qu’occasionnellement la bicyclette ; enfin il
a pu mettre à l’épreuve, dans des conditions très dures,
un cyclomoteur de série, en l’occurrence un VeloSoleX. Nous avons
donc tenu à l’interroger sur les particularités de son raid.
L’EQUIPEMENT
La Machine
Un VeloSoleX, suspension du guidon télescopique, béquille à large
ouverture, dessus de selle en caoutchouc mousse, réservoir réserve
de 4 litres sur le cadre. Avec le réservoir d’origine cela donnait
500 kilomètres d’autonomie. Bidon d’un demi-litre d’huile pour
mélange au carburant, à la base du cadre, sous la réserve
d’essence. Porte-bagages renforcé.
Nécessaire de réparations :
Une pince prise multiple, 3 démonte-pneus, rustines, dissolution,
une clé à ouvertures fixes pour axe des roues et bougie, une autre
pour la petite boulonnerie (standardisée sur le VeloSoleX), une
petite brosse pour bougie. Trois chambres à air de rechange, 2 pneus,
4 rayons, 2 patins de frein, 2 câbles, 2 gicleurs de différentes
puissances, et deux bougies de rechange.
Matériel de Camping
- Couchage
Tente canadienne, tapis cousu en Himalaya ; porte moustiquaire ; mât
en V à l’avant, 200x110. Double toit (abandonné aux premières
étapes, pensant ne pas en avoir l’utilité dans les pays
chauds). Duvet sans cagoule, fermeture éclair de côté
(60cm), pied d’éléphant (aisance des pieds contre les crampes
du cycliste). Matelas léger alpin M.5, modèle long (500
grammes de plus que le modèle randonneur, mais bon repos assuré).
- Matériel de cuisine et divers :
Gamelle popote alu 1 litre, ouvre-boîte,assiette Polopas dans la
gamelle, boule à thé, vache à eau, deux bidons cycliste (pour la
confiture) une boîte à œufs, un torchon réduit, bidon d’huile
½ litre, réchaud essence, bidon ½ litre combustible, gourde 1 litre
alu,(eau et lait), gourde 2 litres peau de bouc (vin), 2 bidons métalliques
2 litres chacun (seulement pour la traversée de la Libye : ils
trouvaient place sur les côtés du porte-bagages entre le
dos des sacoches et la roue arrière).
- Vêtements :
Poncho toile huilée abritant les jambes, anorak nylon ; veste en duvet
; pull laine ; chemise flanelle unie ; golf court velours côtelé ; paire
de nus pieds ; paire Pataugas ; une seule paire de chaussettes ; short
; chemisette ; paire de moufles ; cache oreilles ; mouchoirs ; rechange
de linge de corps.
-Nécessaire de toilette et Pharmacie :
Deux serviettes modèle réduit ; brosse à dents ; étui Dural
; dentifrice ; brosse à habit nylon minuscule ; savon étui dural
; glace métal ; rasoir , blaireau, savon étui dural ; citron
poudre, Tricostéril en petites et grandes plaques ; Hydroclonazone
(stérilisation de l’eau) ; Clonazone (fabrication de l’eau oxygénée)
; Stovarsol ; (anti dysentrique) ; quinine ; trousse contre piqûres
venimeuses ; Leucoplast (sert à tout).
- Divers :
Lampe de poche, slip de bain, boussole, lunettes de soleil, lignes de
pêche, allumettes soufrées dans tube alu, appareil photo,
caméra, trousse de couture.
REPARTITION DU MATERIEL
Le poids de l’équipement avec les récipients et le carburant
était d’environ 36 kilos. Il était réparti sur le VeloSoleX
comme suit : 2 sacoches surbaissées contenaient, l’une : le matériel
de couchage, les vêtements de rechange, les appareils photo et cinéma,
la pharmacie, quelques vivres secs ; l’autre : matériel de cuisine,
poncho, vivres délicats ou liquides. Tente sur le porte-bagages
fixée par deux sandows. Le réchaud à essence sous la selle
(pour éviter les odeurs) ; trousse à réparation à l’arrière
du porte-bagages.
UTILISATION ET TENUE DU MATERIEL
- La Machine :
D’Alexandrie à Casablanca (plus de 5.000 kms.), Jacques Gautho-Lapeyre
a lutté continuellement contre un vent d’ouest qui ralentissait
considérablement sa marche, obligeant le moteur à tourner bien
au-dessus de son régime. Et, malgré cela, il n’a jamais
constaté un échauffement excessif de la culasse. Ce vent déplaçait
les dunes, qui obstruaient la route. « Le sable pénétrait
partout » dit-il, « dans la bouche, les yeux, dans les sacoches, faisant
grincer la roue libre. Le VeloSoleX enfonçait presque jusqu’aux axes des
roues. Dans ces conditions, un vélo à moteur au pédalier
aurait certainement été un sérieux obstacle. L’usure du
pneu avant, (très relative) était préférable
à un changement complet de l’ensemble chaîne. Malgré des
mélanges de carburant plus ou moins purs, des différences
de climat et de température considérables, le moteur a toujours
normalement fonctionné, avec des décalaminages plus fréquents
me permettant d’effectuer des étapes moyennes de 150 kilomètres
par jour ».
- Le Matériel de Camping :
Bien que campeur depuis 10 ans, connaissant parfaitement son matériel,
trié avec soin, du fait de sa profession, bien que s’étant
inspiréé des récits de Brans, Fiando et d’autres, Jacques
Gautho-Lapeyre devait, après deux mois de voyage, s’apercevoir
de ses erreurs et oublis. Il est vrai que son matériel a eu des
réactions imprévues. Voici ce qu’il en pense :
- « Malgré le choix d’aliments transportables en sachets, le rejet
de tout matériel présentant des angles vifs, la protection
de chaque objet par des sacs en toile, les frottements provoquèrent
des dégâts : bidon d’huile ouvert trois fois à l’intérieur
des sacoches ; tubes de lait , pourtant pratiques, crevés et répandus
sur les objets environnants ; assiette Polopas réduite en miettes
dans une gamelle déformée ; œufs cassés dans la boîte
à œufs ; filetage des boîtes écrasé, rendant leur
ouverture impossible. Je devais terminer ma randonnée en enveloppant
chaque objet dans de vieux chiffons ou d’épais journaux. Si c’était
à refaire, j’utiliserais des housses en tissu feutré, et le système
de fermeture par agrafes.
- La tente se comporta parfaitement, mais certaines nuits froides dans
le désert ou la traversée des hauts plateaux algériens
et de la Kabylie, j’ai regretté mon double toit abandonné
au début. Porte moustiquaire inutile en cette saison.
- La veste en duvet fut indispensable pour certaines étapes ventées,
et servit de complément au sac de couchage.
- L’anorak nylon, léger et solide, pratique, me préservant du vent,
fut l’éternel compagnon.
- Pour les journées de longues averses, le poncho en toile huilée,
descendant très bas, protégeait les jambes et abritait le
VeloSoleX la nuit.
- Ne possédant pas de coiffure, et ayant très chaud dans le désert
égyptien, j’utilisais mon torchon en guise de turban.
- Inspiré par Lionel Brans, j’emportais deux lignes, une légère,
utilisée une seule fois en Grèce (capture de deux minuscules
poissons marins) ; l’autre, un fort cordeau, devait me servir à descendre
une gourde au fond des puits de Libye, mais elle fut égarée dès
le début de la randonnée.
- Le réchaud à essence, d’un fonctionnement parfait, et d’une grande
puissance de chauffe, était nécessaire pour la traversée
des pays sans bois, et également pour sa rapidité de mise en place
; Aucune fumée ne signalant la présence aux bédouins.
- La vache à eau, prévue pour l’étape, ne servit pas. La gourde
alu 1 litre et la peau de bouc 2 litres étaient suffisantes. Les
bidons cyclistes ¾ de litre à larges ouvertures furent très pratiques,
mais le frottement prolongéé de l’un contre l’autre me valut le
percement de l’un deux et…une marmelade générale dans la
sacoche. Défaut d’isolement.
- En raison de l’époque du voyage, la pharmacie et la trousse anti-venimeuse
furent inutiles, scorpions et autres bêtes étant sous terre. Seuls
les cachets de stérilisation de l’eau servirent pour les eaux polluées
d’Egypte et de Libye.
- Je craignais un percement du dos des sacoches par les écrous
des roues. Stupéfaction : ce fut le dos cuir qui, avec l’aide du
sable, formant abrasif, usa les angles des têtes de boulons, rendant
le démontage difficile, la clé ne mordant plus.
- Je croyais trouver de fortes chaleurs à cette époque ;
grosse erreur : je devais rouler constamment en anorak, très souvent
moufles aux mains. J’aurais pu emporter un gilet de laine supplémentaire.
Je n’ai pas eu l’occasion d’utiliser mon short et mes nu-pieds. De plus,
les jours étant courts, je devais, pour ne pas perdre de temps le midi,
ne m’accorder que quinze minutes pour un frugal casse-croûte.
BILAN DES INCIDENTS TECHNIQUES
DE ROUTE
203 kms. : sur les gros pavés de Gênes, casse des six œufs
dans leur boîte.
905 kms. : Naples : première crevaison sur une boîte de conserves.
950 kms. : deux tubes de lait concentré se crèvent et maculent
les affaires environnantes.
1.260 kms. : cuvette de l’axe de la roue avant changée. Forte usure.
1.480 kms. : vers Athènes : Chute sur route mouillée. Réservoir
du moteur légèrement cabossé. Ecorchure à la hanche.
2.470 kms. : Tobrouk : crevaison à l’avant sur un petit silex
2.940 kms. : Benghazi : 3e et 4e crevaisons dues à une bavure métallique
de la jante. Polissage de celle-ci au papier de verre.
3.080 kms. : le bidon d’huile s’écoule dans la sacoche
3.150 kms. : piste épouvantable ; deux crevaisons à l’arrière.
3.160 kms. : remplacement du pneu arrière par un neuf ;
(deux pneus supplémentaires avaient été pris à
Alexandrie et plaqués contre la tente par des sandows).
3.700 kms .: défaut d’allumage dû à un excès de calamine
obstruant presque complètement l’èchappement. Grattage sur
place.
4.980 kms. : après Tunis, chute due à l’extrême violence
d’une rafale de vent ; dégringolade en contre bas de la route.
Porte-bagages faussé.
6.030 kms. : vers Orléansville, crevaison avant sur punaise. Quelques
minutes après, crevaison arrière sur un clou (méfaits
de la civilisation).
8.200 kms. : en Espagne première rupture d’un rayon dans une ornière
de la route. »
CONCLUSION
Toujours la même : avec une bonne préparation, et malgré
les quelques inévitables avatars relatés ci-dessus, le bilan
des incidents techniques, eu égard au kilométrage parcouru
et aux difficultés rencontrées, est minime.
Nous savions déjà, par Mahuzier et Vuilleminot (voir C.P.A.
mars 1950) ce que l’on pouvait demander au VeloSoleX, mais nous n’avions
pas eu encore l’occasion de le voir dans ces conditions si pénibles.
Cette randonnée de près de 10.000 kms. Confère un brevet
d’endurance et de qualité pour ce cyclomoteur.
Sur un autre plan, les réflexions de Jacques Gautho-Lapeyre rejoignent
celles de beaucoup d’autres grands voyageurs : indifférence ou
froideur rencontrées près de nos représentants, méfiance
des administrations et polices étrangères, mais accueil
chaleureux des particuliers. Si c’était à refaire, il estime que l’intérêt
touristique d’une telle randonnée est discutable : trop de déserts,
trop de paysages arides, de difficultés en raison de l’instabilité
politique de nombre de pays, et tendance présente anti-européenne
des peuples islamiques. « Hormis les risques qui en découlent,
cette tendance hostile peut détruire toute l’harmonie d’un voyage pourtant
désiré » estime-t-il.
Signé : Bricolin alias André Duchault
(Mardi 16 Janvier 1951)
UN JEUNE BRETON EFFECTUE LE TOUR DE LA MEDITERRANEE SUR UN CYCLOMOTEUR
Un jeune breton de 24 ans,M. Jacques Lapeyre, originaire de Saint-Brieuc,
entreprend le tour du bassin méditerranéen sur un vélo
muni d’un léger moteur auxiliaire. Commerçant à Clermont-Ferrand,
le hardi voyageur était samedi dernier l’hôte de Tunis qu’il devait
quitter dimanche matin pour l’Algérie.
Passionné de tourisme solitaire et éducatif, M. Lapeyre,
qui effectua déjà dans les mêmes conditions un tour
d’Europe, quitta Nice par la route le 14 novembre dernier ; sur son vélo
il gagna Gênes, Rome, Naples ; traversant l’Italie d’Ouest en Est
par les Apennins, il atteint l’Adriatique à Bari puis à Brindisi, ayant
roulé pendant près de 1.500 kms. Il prend place à bord d’un
paquebot en partance pour la Grèce, arrive au Pirée le 2
décembre, va jusqu’à Patras, revient à Athènes et le 7 décembre débarque
à Alexandrie.
C’est alors El-Alamein, ou subsistent d’innombrables vestiges des combats
de 42, Marsa-Matrouh, Solium ; le voyageur plante sa tente un peu partout,
de préférence près des postes de police, où il est accueilli très cordialement.
A Derna, les Anglais le retiennent pendant 4 jours pour lui permettre
de passer avec eux les fêtes de Christmas.
Le 5 janvier c’est l’arrivée à Tripoli ; le 7 Jacques Lapeyre est à Ben
Gardane, le 8 à Gabès, le 9 à Sfax, le 10 à Sousse. Puis c’est
l’arrivée à Tunis, où des amis l’accueillent.
Enfin, dimanche, le vaillant cycliste est reparti pour Tanger. Il pense
être de retour à Clermont-Ferrand le 20 février, après avoir parcouru
environ 10.000 kilomètres.
Bravo et bonne chance !
(Mercredi 24 Janvier 1951)
UN BEL EXPLOIT
Un jeune Français parcourt à bicyclette 10.000 kms. le long des
côtes méditerranéennes
Jacques Lapeyre, un jeune métropolitain de 23 ans , nous a rendu
visite hier matin. Arrivé à Alger depuis peu, il vient d’accomplir
un trajet étonnant, sur un VeloSoleX, équipé, on le sait, d’un
moteur demi cheval… Parti il y a deux mois de Nice, il a gagné
l’Egypte, via l’Italie et la Grèce. Ce breton mince et blond, dont
les traits juvéniles accusaient à peine les fatigues du voyage,
partageait son activité entre son magasin d’articles de sport et
la lecture des romans de Loti. Il n’en fallait pas davantage pour l’inciter
au départ, avec une solide machine et 25 kilos de bagages.
NOËL DANS LES SABLES
La partie européenne du circuit fut sans histoire, si toutefois
l’on tient pour négligeable la splendeur des sites italiens et
grecs. Débarqué à Alexandrie, il s’achemina, à raison
de 150 kilomètres par jour, vers la prochaine étape Tobrouk.
Sept ans ont passé, mais il subsiste de terribles souvenirs dans
les sables : les tombes des soldats alliés à El-Alamein et les
vestiges de l’Afrika-Korps jalonnent la route…
Tobrouk lui offre l’étonnant aspect d’une minuscule bourgade groupant
les représentants de quatre cultes autour de leurs temples… Lapeyre
atteint Derna, la veille de Noël. Dans un petit poste anglais, il
a la surprise de rencontrer un médecin militaire, qu’il a connu en Angleterre
lors de précédentes pérégrinations. Ce fut
évidemment une occasion inespérée de passer le «
Christmas » le plus original et le plus cordial que l’on puisse rêver,
après une randonnée épuisante, vent debout…
DESERT SANS PILLARDS…
Toujours à la même cadence, il franchit les petits bleds jalonnant
la côte entre Derna et Benghazi. Tous sont agrémentés,
plus ou moins, de panneaux publicitaires « made in U.S.A. ». Benghazi
offre un aspect désolé avec ses fermes abandonnées
par les colons italiens. Tantôt campant sous la tente, tantôt
hébergé par d’hospitaliers paysans, il atteint le désert syrtique.
Et c’est là la partie cruciale du périple. La région, lui
avait-on dit, était infestée de pillards bédouins. Il en rencontra,
des bandes armées jusqu’aux dents, qui…le laissèrent continuer
son chemin, le plus aimablement du monde. Il ne lui en coûta que
quelques cigarettes… Les traditions se perdent !
LECON D’UN VOYAGE
C’est alors, après la magnifique oasis de Tripoli, aux confins
du Sud tunisien, d’où, en deux semaines, il gagne Alger. C’est
un bel exemple d’endurance qu’il continuera à donner, car il lui reste
entre trois ou quatre mille kilomètres à parcourir à travers
le Maroc et l’Espagne, avant de rentrer dans la métropole. La plupart
des globe-trotters, de passage dans notre ville, étaient étrangers,
Scandinaves surtout. Lapeyre a su montrer que le fait d’avoir du sang
viking dans les veines n’assurait pas le monopole d’exploits sportifs
dans des conditions précaires.
Henri TORREGROSSA
Une preuve de plus…
VELOSOLEX accomplit un raid de 10.000 kms.
S’il était besoin d’une preuve de plus pour souligner les qualités
du VELOSOLEX « la bicyclette qui roule toute seule », l’exploit accomplit
par Jacques Lapeyre vient de le fournir. Sur son VELOSOLEX, ce jeune métropolitain
a en effet accomplit un raid de plus de 10.000 kms. sans avoir le moindre
ennui et, après avoir parcouru les côtes de France, d’Italie, de
Grèce, d’Egypte, avoir franchi la Tripolitaine et la Tunisie, il vient
d’arriver à Alger.
Cet exploit de VELOSOLEX est concluant.
Demander la notice gratuite à :
S.A.C.Y.C
3 av. de la Gare
ALGER
Monsieur Jacques Gautho-Lapeyre en mai 2006 sur la chaîne de télévision France 3 à l'occasion de l'inauguration de l'exposition des 60 ans du Vélosolex à Beauvais